Donner du sens à son épargne via des placements durables est une préoccupation croissante. Ce sujet va de pair avec une prise de conscience concernant l’impact de la finance sur la crise climatique. Comment se repérer entre les différents labels de l’investissement durable, censés vous aider à y voir plus clair sur l’impact de vos placements ? Voici quatre de ces labels : ISR, Greenfin, Relance et Finansol. On vous partage des clés de compréhension et des pistes pour aller plus loin.
Créé en 2016, le label ISR a pour but de concilier la performance financière et le développement durable. En théorie, il permet d’investir, à travers un fonds ou en direct, dans des entreprises qui prennent en compte des critères extra-financiers, dit ESG (Environnement – Social – Gouvernance).
En pratique, trois organismes (Afnor Certification, Deloitte, EY France) auditent les sociétés de gestion souhaitant être labellisées ISR. Ces sociétés de gestion peuvent être des organismes de placement collectif en valeurs mobilières, des fonds alternatifs, ou des fonds immobiliers. Les trois organismes auditeurs s’assurent que ces sociétés – et leur portefeuille – garantissent l’application des critères ESG. Le label ISR est ensuite attribué par le Ministère de l’Économie et des Finances.
Ce label est souvent critiqué pour son manque d’homogénéité, sa souplesse dans les critères d’éligibilité et un manque de transparence quant à la performance écologique et sociale des fonds labellisés. Ce manque de transparence ne permet pas à l’épargnant de faire un choix éclairé selon des critères extra-financiers. En regardant le nombre de fonds labellisés, on prend conscience de la facilité d’obtention du label. Fin mars 2023, près de 1200 fonds avaient reçu ce label, ce qui représente 773 milliards d’euros (source).
On regrette aussi l’insuffisance du lien avec les politiques climat existantes (notamment les politiques climat européennes), et l’absence de contraintes en termes d’exclusion dans les choix d’investissement, qui peuvent alors soutenir les énergies fossiles, le tabac…
De plus, les trois piliers ESG ne sont pas considérés comme un “tout”. Cela signifie que le label peut être attribué dès lors qu’un fonds respecte un seul des trois critères. Ainsi, une entreprise peut être très bien notée pour sa gouvernance (par exemple pour ses très bonnes relations avec les actionnaires) sans respecter les critères environnementaux et sociaux… et se retrouver dans le portefeuille de certains fonds labellisés ISR (c’est par exemple le cas de Total).
Alternative au label ISR, le label « Transition énergétique et écologique pour le climat » (aujourd’hui renommé label Greenfin) a été créé par le Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer en 2015. Ce label est attribué par 3 organismes (Novethic, EY France et Afnor certification) aux fonds investissant dans l’économie verte et excluant les entreprises du secteur nucléaire et des énergies fossiles. 8 catégories “d’éco-activités” sont éligibles : énergie, bâtiment, gestion des déchets et contrôle de la pollution, industrie, transport propre, technologies de l’information et de la communication, agriculture et forêt, adaptation au changement climatique.
Aujourd’hui, une centaine de fonds sont labellisés, ce qui représente environ 35 milliards d’euros (source). Bien que ce label soit plus exigeant que l’ISR, il permet quand même aux fonds d’investir dans des structures n’ayant pas ou peu d’éco-activités. Et ce pour assurer un bon rendement financier… au détriment de l’environnement (et de la crédibilité du label). C’est ce qu’on appelle les “poches de diversification” : selon son type, un fonds labellisé peut attribuer une partie de ses investissements à des activités non responsables (cf la plaquette du label). Rien ne garantit donc que l’ensemble de l’argent investi participe à la transition.
Créé en 2020, le label Relance a pour objectif de soutenir les entreprises françaises. Un an après sa mise en place, ce label était déjà attribué à plus de 200 fonds par la Direction Générale du Trésor. (Pour ce label, il n’y a pas d’organismes certificateurs indépendants). Le label Relance est attribué aux fonds qui soutiennent les actifs des entreprises françaises. Ces fonds doivent investir au moins 30% (ou 60%, selon leur type) dans les entreprises françaises, dont un tiers de ces investissements dans les fonds propres (principalement en actions) des TPE, PME et ETI.
Ce label affirme aussi prendre en compte les critères ESG, en obligeant notamment les fonds à ne pas financer le secteur du charbon. Les priorités sont données, d’après la charte du label, à la réduction de GES, le partage de la valeur avec les salariés, la préservation de l’emploi, la formation, l’inclusion et l’égalité femmes-hommes. C’est un début, mais on reste loin d’engagements sérieux pour soutenir les activités les plus vertueuses et les plus transparentes. Avec le label Relance, l’objectif premier est bien de soutenir les entreprises françaises. La prise en compte des critères ESG est à souligner mais reste assez anecdotique.
Le label Finansol, créé en 1997 par l’association Finansol (aujourd’hui FAIR), a pour objectif de “distinguer les produits d’épargne solidaire des autres produits d’épargne auprès du grand public” (source). Il est attribué par le Comité du label Finansol, un organe indépendant qui examine chaque année le respect de ses critères (notamment la solidarité et la transparence). Le label Finansol promeut donc le financement d’activités génératrices d’utilité sociale et environnementale comme l’accès à l’emploi, au logement, le soutien à l’agriculture biologique, au commerce équitable et aux énergies renouvelables ou encore à l’entrepreneuriat dans les pays en développement.
Aujourd’hui, près de 200 placements sont labellisés Finansol (source). Contrairement aux autres labels, les produits représentés ne sont pas uniquement de l’investissement. On trouve aussi des placements sans risques (comptes courants, livrets d’épargne…). D’ailleurs, les produits d’épargne de la Nef (livret d’épargne et compte à terme), ainsi que les parts sociales, sont labellisés Finansol.
À noter : les produits labellisés Finansol proposent au choix un des mécanismes de solidarité suivants (qui ne se valent pas en termes de performance extra-financière) :
Le label Finansol semble aujourd’hui le label le plus sérieux pour vos placements durables. On regrette toutefois la labellisation Finansol de nombreux produits proposés par des banques classiques. Cela crée l’amalgame entre les solutions transparentes, apportant un réel changement, et celles qui proposent plutôt des solutions de façade.
Vous en savez maintenant plus sur les labels ISR, Greenfin, Relance et Finansol ! Ces labels “d’investissement responsable” ou « de placements durables » possèdent chacun des critères et des limites qui lui sont propres. C’est donc à vous de vérifier si leur degré d’exigence pour la labellisation correspond à vos valeurs et vos attentes.
On vous invite aussi à vous renseigner directement, au-delà du label attribué, sur les fonds ou produits sur lesquels vous souhaitez réaliser vos placements durables.
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