Le 21 mars, c’est la journée internationale des forêts ! L’occasion de mieux connaître les forêts, leur rôle dans notre écosystème et les différents enjeux auxquels elles font face. Découvrez l’interview de Nathalie Naulet, coordinatrice du fonds de dotation Forêts en vie, partenaire de la Nef.
Bonjour Nathalie, entrons tout de suite dans le sujet !
Pouvez-vous nous donner quelques ordres de grandeur de l’écosystème forestier, aujourd’hui et hier ? Quelles sont les grandes évolutions qu’il a connues ces dernières décennies ?
Aujourd’hui la forêt française représente 17 millions d’hectares, soit une augmentation de la surface de 21% en 35 ans, ce qui place la France au 4° rang européen en termes de surface forestière. Ces forêts sont à 25% publiques (Etat, collectivités), les 75% restants se répartissant sur 3,6 millions de propriétaires forestiers privés (1 Français sur 20 est propriétaire de forêt, certain.e.s ne le savent même pas).
Mais derrière ces chiffres se cachent de grandes disparités : l’augmentation de la surface forestière s’est souvent faite au profit de forêts standardisées (plantations d’une seule essence avec des arbres qui ont tous le même âge).
Véritable fléau pour la biodiversité forestière, cette standardisation entraîne une malforestation très dommageable pour l’avenir de cet écosystème. Les forêts diversifiées sont remplacées par des champs d’arbres qui auront peu de résilience face aux changements climatiques à venir.
Le grand nombre de propriétaires forestiers privés correspond à un fort morcellement des forêts (8 millions de parcelles). 50% de ces propriétaires possèdent moins de 4 ha ce qui rend la gestion forestière difficile sur ces petites surfaces. Ils sont nombreux à ne plus habiter à proximité de leur forêt, accentuant la perte de lien avec les territoires et la perte de relations entre forêts et habitant.e.s.
Quel est le rôle des forêts dans nos écosystèmes ?
La forêt est avant tout un organisme vivant à part entière qu’il est indispensable de considérer dans sa globalité pour comprendre tout ce qu’elle nous apporte. Elle ne peut être réduite à une quantité d’arbres sur une surface donnée, sous peine de passer complètement à côté de la richesse de cet écosystème : du sol aux branches, chaque strate se compose d’une incroyable diversité d’organismes partageant des interactions complexes.
Marqueur de nos paysages, elle assure la qualité de l’air que nous respirons, de l’eau que nous buvons et contribue à faire baisser le thermomètre lors des épisodes caniculaires. Elle renferme à elle seule 80% de la biodiversité terrestre nationale. Cette biodiversité assure de nombreux services dont nous ne pouvons nous passer (pollinisation, mycorhization, cycle de l’eau, lutte contre les ravageurs, lutte contre l’érosion des sols,…).
La forêt capture également chaque année 12% des émissions nationales de carbone, en le stockant dans son bois mais aussi et surtout dans le sol. Et pourtant nous la malmenons en infligeant des coupes rases (suppression de tous les arbres en une coupe), en épandant de plus en plus de produits chimiques et en coupant des arbres de plus en plus jeunes.
À quelles menaces nos forêts font-elles face ?
Face aux incertitudes du marché boursier, la forêt est devenue le « placement vert » par excellence. C’est le 3e placement après l’immobilier et les marchés financiers. Banques, assurances, fonds de pension… représentent seulement 2% des propriétaires forestiers mais possèdent 50% de la surface des forêts françaises.
Pour certain.es, la forêt n’est plus aujourd’hui qu’un capital comme un autre avec une rentabilité à court terme sans aucune prise en compte de ses besoins écosystémiques.
Le marché du bois, en devenant mondial, a entraîné une transformation profonde de la gestion forestière qui s’est orientée pour produire des bois standardisés, de faible diamètre, issus d’un nombre très limité d’essences d’arbre à croissance rapide.
Cette standardisation de la gestion forestière appauvrit les sols, la forêt et l’expose à des risques sanitaires importants face au changement climatique. Les bois font le tour de la planète au détriment de l’environnement, du climat et de l’emploi rural.
Cela entraîne une modification en profondeur des paysages, de la qualité des rivières, de l’air et des sols. Beaucoup de repères sont perdus, et il est grand temps de redresser la barre.
Comment y répondre ? Quelle est la solution proposée par Forêts en vie ?
Face à cette logique industrielle, des solutions efficaces et respectueuses du vivant peuvent être adoptées pour maintenir une biodiversité forestière riche :
- Miser sur la résilience et la diversité des espèces d’arbres et de leur âge en mélange dans les forêts pour une plus grande pluralité des habitats et des écosystèmes,
- Allonger l’âge de récolte des arbres en conservant des vieux arbres et du bois mort de façon significative,
- Pratiquer une sylviculture douce qui maintient un couvert forestier permanent (pas de mise en lumière brutale des sols), propose des récoltes de bois moins fortes mais régulières, et favorise des pratiques sylvicoles respectueuses de cet écosystème.
- Informer le plus largement possible sur les dérives de la gestion industrielle des forêts pour que les habitudes de consommation du matériau bois ne soutiennent pas cette filière.
- Laisser au minimum 25% de la forêt française en libre évolution, c’est à dire sans aucune intervention humaine, afin de redonner toute sa place à la nature pour évoluer à son propre rythme (forcément lent)
C’est ce que propose Forêts en vie, fonds de dotation dédié à la forêt en France. Il a été créé à l’initiative du Réseau pour les Alternatives Forestières.
Il permet à chacun.e de participer à la préservation des forêts et au développement en leur sein d’activités locales, variées et respectueuses du vivant.
En acquérant des forêts et en les mettant à disposition d’associations de citoyen.ne.s, grâce à un bail forestier spécifique et innovant, Forêts en vie permet le développement d’activités encourageant des relations harmonieuses avec la forêt tout en favorisant des filières forêt-bois adaptées aux territoires.
Le projet de Forêts en vie permet un usage de la forêt tout en en prenant collectivement soin, dans un esprit de responsabilité citoyenne.
Plus d’informations sur le site de Forêts en vie et sur ses réseaux sociaux : Facebook, Instagram, LinkedIn et Twitter.
Forêts en vie est bénéficiaire de l’épargne de partage – en ouvrant un produit d’épargne à la Nef, vous pouvez choisir de verser tout ou partie de vos intérêts à Forêts en vie par exemple.