Comment collecter des fonds et financer une entreprise dans la filière bio et équitable ? A la Nef, nous accompagnons des projets de la transition écologique et sociale depuis plus de 30 ans ! Rien qu’en 2020, nous avons financé 253 projets dans la filière bio !
Parmi eux, Ecoidées emprunteur de la Nef depuis 2020.
Ecoidées, c’est quoi ?!
Ecoidées est un distributeur de références incontournables du réseau de magasins spécialisés bio. Il propose des produits responsables en intégrant une forte dimension sociale chez les producteurs.
”Ecoidées n’est pas qu’un distributeur de produits bio dans les magasins spécialisés : c’est de l’art, de la poésie, de la philosophie.”
Pierre-Alexandre Huber, fondateur
Découvrez le témoignage de Pierre-Alexandre sur le financement de son entreprise Ecoidées
La filière bio est-elle un secteur dans lequel il est difficile de se lancer ?
Cette question doit être abordée en considérant l’évolution de ce secteur ces dernières années. Il fut un temps ou le secteur Bio était créatif, dynamique et ouvert aux notions de filières, d’éthique, de produits innovants. Lorsque j’ai commencé il y a 20 ans, nous avions le sentiment que tout était possible. Aujourd’hui les choses ont bien changé : les stratégies commerciales et la compétition générale entre acteurs du marché ont provoqué dans le fond une dégradation de l’esprit et des valeurs du bio qui étaient précisément à l’origine de son succès, même si dans la forme elles sont encore prônées sur des bases stratégiques de marketing. Je pense que la filière bio professionnelle (je ne parle pas de production mais de distribution) est aujourd’hui difficile d’accès pour les petites PME qui travaillent réellement dans un esprit “bio” et respectent l’amont, à savoir les producteurs. Développer des filières et notamment en commerce équitable se fait à l’aveugle : vous investissez sans jamais savoir si vous pourrez trouver un débouché pour vos produits. Le secteur est fractionné : les producteurs ont besoin d’un revenu juste, ce qui implique un engagement fort des opérateurs de production pour développer et soutenir des projets économiquement et éthiquement vertueux. Ensuite il faut faire face à une grande inertie, puis subir des pressions sur les prix pour séduire les consommateurs sans les informer, sans les éveiller aux notions fondamentales de la bio, sans expliquer l’intimité d’une filière et son intérêt humaniste. Progresser dans le bio est devenu, pour les petites PME, un parcours du combattant. Fort de ce constat, il faut donc se battre : oser la sincérité, la loyauté, le respect des parties-prenantes. Persévérer dans les valeurs nobles de bienveillance et de non-violence qui donnent tout leur sens à notre merveilleux métier et qui peuvent toucher les consommateurs qui recherchent précisément à donner du sens à leur acte d’achat. En bref : garder la tête haute et avoir la foi en un monde qui peut être rendu meilleur grâce aux gens qui écoutent leur coeur.
Quels sont les principaux obstacles que vous avez pu rencontrer dans votre financement ?
Ma réponse sera bien plus positive que la précédente ! Je n’ai rencontré aucun obstacle dans mon financement car la qualité d’écoute de mes interlocuteurs à La Nef, leur compréhension profonde du modèle que je défends et leur soutien a été immédiat. je leur en suis profondément reconnaissant.
Ecoidées ce n’est pas que de la bio, comment intégrez-vous la dimension sociale et équitable dans votre projet, quels sont les impacts sur vos besoins de financement ?
Les impacts sont à proprement parler énormes. Imaginez deux scénarios : l’un est que vous achetiez à bas coût et après de fortes négociations des produits en quantité en optimisant vos coûts de production. Le deuxième est que vous achetiez à un un prix juste des quantités moins importantes afin de faire vivre des petits producteurs, avec toutes les conséquences que cela implique. Vous achetez alors à un prix supérieur au prix du marché, vous contractualisez les volumes dans la durée, vous payez les frais de certifications de votre fournisseur, vous payez en avance les commandes pour que les producteurs soient rémunérés à temps, vous payez la prime de développement équitable, vous payez votre propre certification, vous payez pour adhérer à un label universel qui est au service du commerce équitable comme BIOPARTENAIRE, vous payez pour mener des actions de solidarité orientées vers l’éducation, la gestion de crise ou des projets communautaires, vous payez pour une compensation carbone de vos importations, vous payez pour les analyses-qualité en laboratoire. De plus, vous rémunérez correctement vos employés (bien au-delà du SMIC), vous offrez des avantages sociaux en nature ou sous forme de jours de congés offerts, vous avez une approche non productiviste qui intègre sur le lieux du travail les éventuels problèmes personnels, vous sous-traitez votre production à des ateliers de travailleurs handicapés ou des ateliers de détenus, vous investissez dans des emballages biodégradables coûteux, dans votre certification en Responsabilité Sociétale des Entreprise… et j’en oublie ! Il faut se rendre compte de l’impact colossal que tout ce modèle économique éthique a sur une trésorerie ou une rentabilité. Nous avons fait appel à de nombreux financements et nous sommes lourdement endettés : cela fut l’unique manière d’honorer nos engagements en amont et d’avoir les moyens logistiques de servir nos clients avec efficacité.
Que diriez-vous à une personne qui souhaite entreprendre dans la filière bio ou équitable ?
Je lui demanderai en premier lieu d’être claire et honnête dans ses ambitions et ses intentions. Souhaite-elle entreprendre pour glorifier son ego ? Pour gagner des millions ? Pour se donner une bonne conscience ? Ou le fait-elle parce qu’elle aime vraiment les autres, la nature, cette merveilleuse planète sur laquelle nous vivons et que nous détruisons. Le fait-elle par amour ? Le fait-elle pour faire sa part dans l’amélioration globale des choses, même si c’est à petite échelle ? En fonction de ses réponses, je lui dirais de se préparer à de grandes frustrations et à de grandes désillusions. Je lui demanderais de se renforcer mentalement et spirituellement pour faire face au cynisme capitaliste qui aveugle ceux qui en sont victimes et les rendent complices des grands déséquilibres sociaux et économiques mondiaux. Je l’inciterai fortement à ne jamais renoncer à ses idéaux et à ne jamais oublier que le bio et l’équitable doivent toujours placer l’Humain au centre de tout.
Pourquoi avoir choisi la Nef pour financer votre projet ?
Avant de rencontrer mes interlocuteurs, je connaissais La Nef de réputation ainsi que ses engagements éthiques. La collaboration s’est faite ensuite d’une manière naturelle et le financement obtenu a été réalisé sans aucun rapport de force mais au contraire avec un profond respect mutuel. Certes, il y a eu une volonté d’aller de l’avant et de concrétiser une demande de financement qui peut s’apparenter à un choix, mais avec du recul ce terme me semble presque trop réducteur aujourd’hui. Je préfèrerais y substituer la notion d’évidence.
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