On peut définir de différentes manières l’activité principale d’une banque : distribuer des moyens de paiement aux clients, conserver “en lieu sûr” l’épargne confiée, octroyer des crédits, etc.
Si, en chapeau de tout cela, une banque a pour mission d’assurer le bon fonctionnement de l’économie par une circulation fluide de l’argent, la conséquence est qu’elle prend des risques. Prendre des risques est inhérent au métier de banquier, car comment assurer à un épargnant qu’il disposera à tout moment de son argent, tout en investissant dans des projets (via des crédits) qui, par essence, ne sont pas tous pérennes ?
La réponse se trouve dans une des lignes du compte de résultat de l’établissement bancaire : c’est le coût du risque.
Cette notion regroupe l’ensemble des pertes avérées et potentielles (provisions) de la banque pendant une année. Celle-ci doit donc être en mesure de financer l’économie tout en s’assurant de ne pas être en danger en cas de défaillances dans les remboursements de crédit (des particuliers ou des professionnels).
Ainsi, le coût du risque reflète l’arbitrage de la banque entre l’obligation d’assurer l’épargne qui lui est confiée et la nécessité de réinjecter celle-ci dans l’économie pour que les particuliers et les professionnels puissent investir dans des projets qui généreront les biens et services attendus dans la société.
Il existe plusieurs types de risques dans une banque. Nous nous concentrerons ici sur le coût du risque de crédit, étant le plus significatif de l’activité d’intermédiation (transformer de l’épargne en crédits). Il est par ailleurs plus intéressant de se concentrer sur le coût du risque lié aux investissements dans la sphère professionnelle que dans la sphère privée.
Il est plus facile pour une banque de “maîtriser” le risque pour un particulier à qui elle octroie un crédit immobilier par exemple. La banque analyse le bien acheté, qui constitue une garantie solide pour le banquier. Et souvent les diverses assurances souscrites au moment du crédit protègent les deux parties d’éventuels accidents de vie.
Pour les professionnels en revanche (entreprises collectives ou individuelles, associations, coopératives) le sujet est plus complexe :
Le financeur, avant d’octroyer un crédit, doit analyser la capacité du porteur de projet à réaliser celui-ci, à trouver et pénétrer un marché, à commercialiser un produit ou un service de qualité, faire face à la concurrence, assurer la gestion de son entreprise au quotidien et dans la durée… bref, de nombreux paramètres entrent en ligne de compte. Quand, de surcroît, le projet est une création d’entreprise, les éléments tangibles pour analyser la réussite de celui-ci sont d’autant plus difficiles à appréhender.
C’est souvent un frein pour les banques. Que ce soit un projet de création ou de développement d’entreprise, le risque peut être assez difficile à appréhender, on peut ne pas avoir de bonnes solutions pour garantir le crédit, et parfois trop peu de temps à consacrer à l’analyse, à la visite sur place, à convaincre ensuite le comité décisionnaire qu’il faut « aller sur » tel ou tel projet. Il faudrait que ce soit rapide, clair, et rentable, ce qui est loin d’être la norme !
De plus, sur les 30 dernières années s’est développé très fortement ce qu’on pourrait appeler « la financiarisation » de la banque. Autrement dit, la banque n’est plus seulement une banque de détail qui gère l’épargne et les crédits des concitoyens, mais elle devient un acteur majeur sur les marchés financiers, pour son compte ou pour le compte de tiers. Et cette activité propose une rentabilité non négligeable, souvent plus forte que la banque de détail.
Dans une banque éthique, et à la Nef en particulier, nous prenons le contrepied de la financiarisation. Nous affirmons que notre première mission est la circulation de l’argent, la plus fluide et transparente possible, dans des secteurs générateurs de plus values sociales, environnementales, et culturelles. Ceci implique un circuit de l’argent le plus court possible entre épargnants et emprunteurs.
Ainsi, une banque éthique va utiliser l’argent pour financer des projets sur le territoire, des projets « d’économie réelle », comme il est de coutume de dire depuis quelques années. Le taux de réemploi de l’épargne à la Nef est de 71% au 31 décembre 2022. Ce qui signifie que sur presque 1 milliard d’euros d’épargne confiés à la Nef, 715M€ étaient simultanément prêtés à des porteurs de projet. Cette proportion, relativement “normale” dans un établissement financier éthique, est près de 20 points au-dessus des banques classiques.
De plus, cette proportion très forte de réemploi de l’épargne vers des projets plutôt que vers des placements, s’accompagne d’une volonté affirmée de soutenir la création d’entreprises. À la Nef, chaque année, la moitié des projets financés le sont dans le cadre d’une création d’entreprise, moment par essence le plus risqué pour le projet, et donc pour la banque qui le finance !
Le coût du risque de la Nef, en hausse ces dernières années du fait d’une forte croissance de l’activité crédit, est donc le reflet de ce que doit être une banque éthique : un organisme inséré dans la société, auprès des citoyens, des entrepreneurs, qui les accompagne dans les bons et les moins bons moments.
C’est aussi un organisme qui doit en permanence être à la recherche du prix juste : celui qui permet à chacun des acteurs – épargnants et emprunteurs – de savoir, en toute transparence, ce qui a constitué ce prix. Le prix juste est également celui qui permet à la Nef de générer assez de revenus pour supporter le coût du risque, et accompagner toujours plus de projets porteurs de sens.
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