En tant que professionnels, la notion de BFR (besoin en fonds de roulement) ne doit pas vous être inconnue! Que vous soyez en création, en développement, dans tel ou tel domaine, cette notion est omniprésente. En route pour un rapide tour d’horizon du financement de ce besoin.
Tout d’abord on peut considérer que s’il existe une définition simple du BFR, celle consistant à décrire celui-ci comme le besoin résultant des décalages dans les flux de trésorerie, il peut exister différentes situations selon le stade de l’entreprise.
On évoque ainsi souvent le “BFR de démarrage”. On est donc ici en création, et le porteur de projet, ou l’organisme d’accompagnement à la création qui le suit, a identifié un besoin de trésorerie de démarrage afin de couvrir les décalages entre les encaissements clients et les paiements fournisseurs, mais également la montée en puissance de la société créée.
Il peut également y avoir le cas d’une structure existante, et dont le besoin à couvrir est plus conjoncturel. L’acquisition dans le portefeuille de nouveaux clients, pas nécessairement récurrents, ayant des délais de paiement bien supérieurs à ce que l’entreprise connaissait jusqu’à présent (collectivités par exemple).
Toujours dans le BFR dit conjoncturel, il peut exister le cas, que l’on ne souhaitera ici à personne, de difficultés passagères de l’entreprise ayant conduit ses fournisseurs à réduire les délais de paiement pour financer la marchandise. Dans ce cas là également le BFR s’accroît, alors même que les délais de paiement des clients n’ont pas évolué.
Et tous ces cas sont bien différents d’une structure en développement, qui dans son activité peut avoir besoin “structurellement” de couvrir son BFR. On se trouve ici dans le cas classique d’une entreprise ayant un décalage permanent entre le stock qu’elle doit constituer et les délais de paiement qu’elle accorde à ses clients d’un côté, et les délais de paiement que lui accordent ses fournisseurs de l’autre côté. Ce BFR est ainsi structurel, donc à financer en permanence, et il va croître en même temps que le chiffre d’affaires de l’entreprise va croître.
Il existe deux manières principales de financer son BFR, souvent co-existantes d’ailleurs dans les entreprises: Les fonds propres, et le crédit court terme.
Les fonds propres, et le capital en particulier, est apporté dans l’entreprise pour permettre notamment d’avoir en permanence le fonds de roulement nécessaire à couvrir le BFR. Il est ainsi fréquent de voir des structures augmenter leur capital dès lors que le chiffre d’affaires de l’entreprise croît fortement.
Quant au crédit court terme, qu’il soit sous forme de découvert ou de lignes de crédit, il est souvent utilisé également car il permet de façon souple de financer ce cycle d’exploitation. La banque et l’entreprise ont ainsi vocation à discuter régulièrement pour ajuster le niveau de crédit alloué en fonction des variations d’activité.
Il n’y a donc que peu de place au financement du BFR par du crédit moyen terme dans les banques.
La Nef ne déroge pas à cette règle qui consiste à dire que le BFR ne se finance pas par de la dette bancaire moyen terme. Il y a cependant quelques exceptions intéressantes à évoquer.
Déjà, dans le cas d’une création d’activité, la Nef privilégie une approche globale du futur sociétaire emprunteur. À la différence de certaines banques qui vont décider de ce qu’elles financent (en général le fonds de commerce et le matériel) et de ce qu’elles ne financent pas dans un plan de financement (en général l’immatériel), la Nef, si elle décide d’accompagner financièrement un porteur de projet, financera indifféremment le matériel ou l’immatériel. Bien entendu cela n’exonère aucunement les porteurs de projet d’apporter également du capital dans leur projet.
Ensuite, en dehors du cas de la création évoqué ci dessus, la Nef a historiquement été peu outillée pour financer ce besoin. En effet, jusqu’à avril 2016, la Nef ne gérait pas de comptes courants, et ne proposait pas de crédit court terme (mis à part les relais sur subvention ou sur TVA). Et cette absence d’outils mêlée au peu de visibilité sur les flux qui transitent sur le compte de l’entreprise l’empêchaient d’être en première ligne pour le financement du BFR. Car c’est bien à la banque du quotidien, qui capte les flux, de juger de l’opportunité de soutenir financièrement ou non son client.
Mais la Nef a pu sortir son épingle du jeu malgré tout dans certains cas. Tout d’abord dans le cas de sociétaires emprunteurs qui ont sollicité la Nef régulièrement tout au long du cycle de vie de leur entreprise. À ceux là, la Nef a octroyé des prêts de BFR, même à moyen terme (en opposition avec ce qui a été dit plus haut), car elle considérait avoir une connaissance et une visibilité suffisante sur le cycle d’exploitation de l’entreprise.
Ensuite par rapport à certains secteurs que la Nef connait bien. Ainsi par exemple dans le commerce équitable ou dans le secteur de la transformateurs en bio (les entreprises qui se trouvent entre le producteur et le distributeur), le BFR est structurel et la Nef a pu le financer par sa connaissance des acteurs et du secteur.
La Nef se donne aujourd’hui les moyens d’aller plus loin dans l’accompagnement quotidien de ses sociétaires pros. L’arrivée du compte courant il y a deux ans doit permettre à la Nef de générer plus de relations avec ses entreprises, par les flux qui transitent sur le compte. Et la nouvelle “brique” de service que la Nef ajoute à ce compte est précisément celle du crédit court terme, sous forme de découvert ou de ligne de trésorerie, afin d’avoir dans le futur des outils plus adaptés aux besoins quotidiens des pros, dont le financement du besoin en fonds de roulement.
Ivan Chaleil, directeur commercial