Promis, l’objectif n’est pas d’écrire ici ce que chacun pourrait lire dans un manuel d’économie. Ni d’expliquer aux entrepreneurs que vous êtes, et qui avez donc une bonne connaissance du sujet, ce que sont les fonds propres. En revanche, l’idée est ici de rappeler pourquoi la Nef, au même titre que les autres établissements de crédit, attache une grande importance à la capitalisation des entreprises, ce qu’elle regarde particulièrement.
Les fonds propres constituent le véritable socle de l’entreprise. Le capital humain, constitué des hommes et des femmes qui portent un projet entrepreneurial et qui s’y investissent, est bien entendu un socle plus important encore, mais ce n’est pas l’objet de cet article.
Alors pourquoi est-ce considéré comme un socle ? Tout d’abord car c’est bien sur le capital, élément principal et le plus stable des fonds propres que l’on impute les pertes éventuelles de l’entreprise. Et parmi les nombreux projets que la Nef a financé depuis sa création, il est fréquent que la première année d’activité, voire les premières années affichent un résultat négatif, lié à la montée en charge de celle-ci. Ainsi, conserver des fonds propres positifs, alors même que des pertes sont imputées à ceux-ci, est essentiel pour la pérennité de l’entreprise.
Ensuite, et c’est souvent le cœur des relations entre vous et nous, les fonds propres de l’entreprise permettent l’effet de levier nécessaire au financement de celle-ci. Rares sont les structures qui peuvent se développer sans emprunter. Et sur ce point, bien qu’œuvrant dans la finance éthique, la Nef ne déroge pas à la règle de ses consœurs banques traditionnelles : pour dire oui à un emprunt, donc à l’endettement sur du moyen-long terme de l’entreprise, il faut s’assurer que l’équilibre du bilan est respecté, qu’il existe des ressources stables dans l’entreprise. C’est notamment pour cette raison que lors de prêts de développement que vous sollicitez auprès de la Nef, celle-ci, en fonction de la structure du bilan (présence suffisante de fonds propres ou non), demande en accompagnement du nouveau prêt, un éventuel apport complémentaire en capital ou en comptes courants.
Enfin, et nous aurions tout aussi bien pu commencer par cela, les fonds propres matérialisent tout l’investissement personnel des porteurs de projet dans leur entreprise. Plus ils sont élevés (en rapport avec la taille de l’entreprise et la surface financière des porteurs de projet bien entendu), plus la Nef a « envie » de suivre. Et cette démarche est vraie autant en création d’activité, avec le capital de départ, et les éventuels comptes courant d’associés investis dans l’entreprise, qu’en développement ou en consolidation, où il n’est pas rare, comme évoqué ci-dessus, que la Nef finance plus facilement une structure qui recherche « en interne », au sein des associés, des fonds avant d’aller voir sa banque.
ET QUID DES FONDS PROPRES À LA NEF ?
Un petit parallèle pour conclure : La Nef est une entreprise. Certes coopérative, certes dans une activité réglementée qu’est la profession bancaire, mais c’est une entreprise. Le niveau de fonds propres est également un élément essentiel.
A la différence des entreprises dites classiques, le capital de la Nef est moins destiné au financement de recherche et développement, ou à compenser des pertes d’exploitation. Notamment car en France une banque n’a pas vraiment le droit de faire des pertes, même en pleine phase d’investissement, c’est contre la morale !
Le capital de la Nef lui sert avant tout d’effet de levier, et de socle à son activité de crédit. Parmi les 2 ratios essentiels de la profession, ceux que tous les régulateurs scrutent au quotidien, il y a ce qu’on appelle le ratio de solvabilité. Aujourd’hui, suite aux directives européennes, pour prêter 100, il faut détenir 10,75 de capital. Et ce ratio ne cesse d’augmenter (il faudra demain détenir 11, puis 12, puis 14 pour prêter 100), dans le but de renforcer la solidité des établissements de crédit. Cela veut donc simplement dire qu’avec 40M€ de capital, la Nef pourrait théoriquement engager environ 400M€ de crédit. C’est ainsi que si notre coopérative ambitionne de poursuivre le rythme de croissance important des crédits octroyés à sa clientèle, alors il faut que le niveau de capital augmente également. C’est notamment pour cela que la Nef lève chaque année du capital auprès de ses 40 000 sociétaires, ainsi qu’auprès des nouveaux qui rejoignent la coopérative.
En conclusion, le niveau de capital et de fonds propres, c’est synonyme d’indépendance, c’est la capacité à mener son activité comme on l’entend, à être autonomes dans ces décisions d’investissement.
Ivan Chaleil, Directeur Commercial – Lettre des Pros – Janvier 2019
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