Si l’on devait faire le lien avec la thématique de la Lettre des Pros de Septembre, on pourrait évoquer le fait que l’on voit émerger de plus en plus de projets en lien avec la notion de circuit court dans l’alimentation durable: produits locaux, AMAP, du pré à l’assiette, limitation de l’empreinte carbone des aliments, etc…
On peut affirmer que la Nef, en tant qu’outil au service des entrepreneurs sociaux et environnementaux, est, dans le domaine de la finance, le miroir de ces pratiques alimentaires vertueuses. Il est aisé, quoiqu’un tantinet manichéen, de pousser la métaphore entre alimentation et finance en comparant la grande distribution aux grands groupes bancaires, laissant à la Nef la place du petit commerçant de quartier, ou de l’AMAP du coin. Et pourtant la réalité n’est pas si éloignée de cela. Qu’est ce que la Nef dans le paysage bancaire Français? En banque on parle souvent de taille du bilan pour comparer deux établissements. Le bilan de BNP Paribas, c’est 2 000 milliards d’€ (à peu près le PIB de la France), celui de la Nef c’est 500 millions d’€.
Alors, pour illustrer l’action de la coopérative par une autre métaphore, si la Nef est le colibri qui essaie à lui seul d’éteindre le feu de forêt sous le regard incrédule de tous les animaux de la savane qui se demandent pourquoi agir (écouter la Légende du Colibri, racontée par Pierre Rabhi), elle se doit d’utiliser des moyens différents pour agir.
Et justement, la Nef pour se différencier, revient aux fondamentaux de la banque: elle prête ce qu’elle collecte, et rien d’autre. Ce circuit-court d’une finance vouée à relier les Hommes entre eux se matérialise comme suit: quand les géants de la finance prêtent et empruntent quotidiennement, sur différentes durées, les liquidités nécessaires à leur activité, sur des marchés dédiés à cela, la Nef elle prête aux entrepreneurs sociaux sur fonds propres. Elle collecte du capital sous forme de parts sociales, des livrets, et des comptes à terme auprès de citoyens souhaitant donner un sens à leur argent, et orienter celui-ci vers des activités qui leur sont chères, et qui bénéficient à la société dans son ensemble.
Ainsi, un déposant va décider de la somme qu’il dépose, de la durée du dépôt (à vue, liquide pour un livret, à terme pour un compte à terme), et de la rémunération de celle-ci. Et avec ces liquidités, la Nef finance chaque année des centaines d’entrepreneurs soucieux de savoir d’où vient l’argent qu’on leur a prêté.
Cette transparence dans la collecte et dans les financements, cette exclusivité de la provenance des fonds prêtés, ce métier d’intermédiation “classique” qui n’est aujourd’hui hélas plus la norme dans les banques, c’est ça la Nef. Et depuis 30 ans la Nef défend cette manière de faire de la banque autrement.
Ivan Chaleil, directeur commercial – Lettre des Pros Septembre 2018