L’année 2020 n’a évidemment pas été linéaire pour la Nef au niveau de l’activité commerciale.
Après un début d’année très satisfaisant au niveau de la production de crédit, celle-ci s’est arrêtée quasi complètement entre le 15 mars et le 15 mai. Cette période à laissé place à l’étude, l’analyse et la mise en place de plus de 600 suspensions de crédit, soit plus du quart du portefeuille de prêts de la Nef. Tous les pans de l’économie ont été touchés ; mais bien entendu les secteurs culturels, touristiques, et bars restaurants ont été soutenus en premier.
Toutefois, rapidement après ce premier confinement, la Nef a pu sentir une dynamique de développement et de redémarrage de projets, que ce soit en création ou pour accompagner la croissance d’activité.
C’est ainsi que de nombreux projets à fort ancrage local (brasseries artisanales, boulangeries d’insertion, circuits courts,…) se sont développés. C’est aussi tout le réseau de magasins bios qui a pu croître, porté par une forte demande des citoyens. Dans le même temps, les projets d’énergies renouvelables avaient été retardés, mais pas stoppés, et sont repartis de plus belle. Enfin, un secteur a pris de l’ampleur à la Nef en 2020: les collectivités locales et l’habitat social. Forte de son souhait de poursuivre dans la dynamique de financement de l’économie “verte”, la Nef avait fixé pour objectif un rééquilibrage avec les financements de nature plus sociale. Ce sont ainsi plus de 35% du volume des prêts qui ont été orientés vers ce secteur des collectivités et de l’habitat social, contre 5% en 2019. Ces secteurs appelant généralement des financements unitaires plus importants, la Nef a vu le montant moyen de ses prêts augmenter fortement.
La Nef clôture donc l’année 2020 avec une croissance de 1% du nombre de prêts débloqués, mais de 47% en volume. Ainsi 108M€ de crédits ont été mis en place l’an dernier, contre 72M€ en 2019.
Pour réaliser tous ces crédits, la Nef, qui ne prête que sur ses ressources propres, a eu besoin d’un accroissement de la collecte d’épargne. Nous avons pu constater que l’année 2020 a vu globalement les Français épargner plus que d’habitude, du fait d’une possibilité de consommer qui s’était amoindrie.
Beaucoup de ces citoyens ont choisi de confier leur épargne à la Nef, puisque 173M€ d’épargne ont été collectés sur les livrets en 2020.
Cela a permis de dépasser les 500M€ d’encours de collecte à la fin de l’année.
Comme vous le savez sûrement, l’effet de levier permettant de prêter les ressources collectées est constitué du capital, et plus globalement des fonds propres. La réglementation impose un minimum de fonds propres pour pouvoir exercer son activité (aujourd’hui un peu plus de 10,5%, ce qui veut dire que pour prêter 100, il vous faut détenir 10,5 en fonds propres).
La croissance très forte du crédit à la Nef implique donc une nécessaire croissance de ses fonds propres. Or en 2020 la Nef a perdu l’avantage fiscal qui était lié à son agrément d’entreprise solidaire d’utilité sociale (ESUS), du fait de nouveaux mécanismes de la loi de Finances excluant les entreprises ESUS de plus de 10 ans. Malgré tout, le bilan de l’année est satisfaisant puisque les sociétaires et clients de la Nef se sont mobilisés en fin d’année pour répondre à l’appel de la coopérative. A ceci s’ajoute la contribution en quasi fonds propres (mais comptabilisés comme des fonds propres) de notre partenaire qu’est le Fonds Européen d’Investissement (FEI), qui a permis à la Nef de respecter le ratio réglementaire de détention de fonds propres.
Un mot également sur notre plateforme de finance participative Zeste qui a elle aussi su s’adapter à ce contexte si particulier. C’est la barre symbolique des 3M€ de dons qui a été franchie en fin d’année 2020, pour près de 500 campagnes.
La Nef a dû repenser sa façon de travailler, comme la plupart des entreprises françaises, et a réussi à s’adapter à cette situation. Il convient de rappeler qu’en début d’année 2020 se mettait en place le Plan Phénix à la Nef. Ce plan prévoyait notamment la création d’un pôle service client, la transformation des conseillers professionnels en banquiers itinérants, le recrutement de nouveaux collaborateurs et la création d’une cellule grands comptes.
Il est clair que cette année si particulière a chamboulé le calendrier et n’a pas permis de tout mettre en route dans les délais impartis. Néanmoins nous pouvons nous féliciter de cette nouvelle organisation, qui a permis de faire mieux que limiter la casse au niveau commercial.
En 2021, la Nef accentuera son impact sur les professionnels, en poursuivant dans une logique de croissance du crédit, toujours sur les secteurs clés identifiés, et en avançant de nouveaux pions sur les produits et services du quotidien à destination des pros. L’interface du compte à vue nouvelle formule vient d’être mise à disposition des sociétaires et clients, et sera prochainement ouverte à tous les entrepreneurs sociaux. La Nef travaille par ailleurs à l’ajout de services pour agrémenter ce compte, dont nous parlerons prochainement.
En résumé, poursuivre la dynamique très forte de croissance sur les professionnels. Cela implique de collecter de l’épargne et du capital pour soutenir cette croissance et augmenter les services de banque au quotidien pour rapprocher les clients et sociétaires de leur banque éthique.
Enfin, nous pouvons conclure cet article en évoquant un objectif majeur pour notre coopérative en 2021 : suite aux divergences de vues avec le Crédit Coopératif, la Nef devra trouver et construire une alliance avec un nouveau partenaire pour poursuivre la belle histoire de la Nef, démarrée il y a maintenant 42 ans.
Ivan Chaleil, Responsable du Développement Commercial et membre du Directoire de la Nef.